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Réapprendre à vivre

Réapprendre à vivre

Une véritable fable!

« Un mal qui répand la terreur,
Mal que le Ciel en sa fureur
Inventa pour punir les crimes de la terre,
Le Corona puisqu’il faut l’appeler par son nom
Capable d’enrichir en un jour l’Achéron,
Faisait aux humains la guerre.
Ils ne mouraient pas tous, mais presque tous étaient frappés :
On n’en voyait point d’occupés
A chercher le soutien d’une mourante vie ;
Nul mets n’excitait leur envie ;
Ni hommes ni femmes n’épiaient
La douce et l’innocente proie.
Les Tourtereaux se fuyaient :
Plus d’amour, partant plus de joie.
« 

Je l’avais appris par cœur il y a plusieurs décennies et soudain cette fable de Jean de la Fontaine me revint en mémoire. Ma mémoire se riait de moi et pensait qu’il était temps que je me souvienne de ce que j’avais appris à l’école.

Un mauvais blockbuster

« I am Legend« , « Containment » ou si vous voulez « Alerte contagion » en français, sont des films qui m’avaient toujours passionné. Ces scénarios catastrophes même s’ils me plaisaient m’avaient toujours paru improbables.
Et pourtant hier j’avais vu des survivalistes se ruer dans les supermarchés pour les dévaliser: 10 packs d’eau, 20 bouteilles d’huile, 10 packs de papier hygiénique, etc. On se regardait avec méfiance. Tout le monde avait un masque, des gants et s’évitait les uns les autres. Après la ville devint déserte. Tous confinés, on n’avait plus le droit de sortir et même lorsque ce droit était accordé dans un rayon très limité, il ne fallait pas tarder.
On se demandait ce qui faisait le plus peur: rencontrer un agent de la force publique pour nous réclamer notre autorisation de sortie qui nous faisait défaut? ou rencontrer un zombie qui nous mordrait pour nous contaminer.

Rêveries d’un solitaire

A plusieurs reprises, et plusieurs jours d’affilée je dus me pincer pour être sûr que je ne rêvais pas. Malheureusement je ne rêvais pas.
On avait commencé à s’habituer à vivre confiné. On essayait de tromper l’ennui en inventant des jeux mais le train-train quotidien métro, boulot, dodo nous avait formaté. Il fallait réapprendre à vivre. Tout ceci ressemblait à des vacances mais sans date de fin.
Très vite on tombe dans la lassitude. Les heures se ressemblent. Seule la tombée de la nuit nous rappelle que les jours avancent. Au fait quel jour sommes-nous?

Les enfants ont besoin d’être disciplinés et se remettre à l’ouvrage au risque d’oublier tous les acquis de l’année scolaire.
Il faut sortir sa blouse d’enseignant et découvrir que la pédagogie n’est pas innée et pas du tout aisée. Mais comment font-ils tous ces enseignants pour garder en éveil une vingtaine d’enfants? Comment font-ils pour leur apprendre des exercices qui nous paraissent logiques parce que tout le monde sait même un enfant 2 ou 3 ans que 2 bananes + 2 bananes font 4 bananes. Apparemment ils ne le savaient pas. Ils n’ont pas même conscience que des fruits s’additionnent.

On perd son sang-froid. On s’arrache les cheveux. On boit un peu d’eau pour garder son calme et on finit par les libérer. Sans crier gare, ils se précipitent dans toute la maison. Ou plutôt sur ce champ de bataille parce qu’un vêtement sous la table à manger, des jouets sous la télévision, un sac à dos dans le fauteuil, un livre dont les pages ont été minutieusement cisaillées et dispersées au gré du vent, des restes de nourriture à tous les coins, ça ne peut pas être une maison. Pour te prouver qu’il s’agit bien d’un champ de bataille, les voilà déjà en train de faire un parcours qu’ils ont dessiné avec de l’encre invisible: passer sous la table à manger, sauter du rebord du canapé, escalader la table du séjour, sauter sur un pied en zigzaguant entre les poufs. ça ne peut être qu’un parcours de combattant.
Après avoir crié à s’en couper les cordes vocales et pour la 8ème fois d’affilée: « Arrêtez de sauter et de courir dans toute la maison », on finit par jeter l’éponge.

Pourtant, nous ne sommes qu’à la fin de la 1ère semaine post-apocalypse et tout porte à croire qu’on risque d’être cloîtré encore longtemps. Pas cloîtré, on dit confiné. Confiné à manger et à grignoter mais on prend les précautions pour ne monter sur le pèse-personne au risque de se pâmer. A la levée du confinement, on fera le point et éventuellement, on se remettra au sport.
Il est préférable que je ferme mon ordinateur et que j’aille m’allonger en espérant pouvoir fermer les yeux. De toute façon je n’arrive pas à me concentrer.

Crédit photo : Image par jwvein de Pixabay

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