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Le double discours politique

Le double discours politique

Depuis quelques jours les médias français reprennent en boucle des informations sur le nombre de morts en Chine suite au Covid-19: « La Chine nous cache des informations. Il y aurait eu plus de morts que ceux annoncés. Les milliers d’urnes funéraires sont prises en photos et partagées sur les réseaux sociaux« .
C’est presque risible à plus d’un titre. D’abord ce n’est un secret pour personne à moins d’être simplet que la Chine ne communique pas ouvertement sur cette épidémie. Pour ceux qui ont encore des doutes ou oublié, alors que la crise avait commencé à faire des victimes, des médecins chinois ont sonné l’alerte dont l’un d’eux, Li Wenliang, un ophtalmologue avait fait une vidéo pour dénoncer le « jeu » auquel s’adonnait le gouvernement Chinois. Ce lanceur d’alertes a par la suite succombé des suites du Covid-19. Ne pouvant pas cacher plus longtemps l’information, le monde entier a découvert une nouvelle épidémie… sur le fait accompli.

Mulhouse, l’origine du mal?

2000 personnes (certains disent 2500 personnes) sont rassemblées du 17 au 21 février 2020 pour une convention chrétienne dans le Haut-Rhin. Certains invités sont venus de différents pays du monde dont le Burkina Faso avec le célèbre pasteur évangélique Mamadou Karambiri et son épouse. Ils repartent chez eux et parmi eux certaines personnes tombent malades dont le pasteur Karambiri testé positif au Covid-19. 17 personnes issues de cette convention décèdent du Covid-19 et des centaines d’autres sont contaminées.
Alors que les portes de l’Église Porte Ouverte de Mulhouse se refermaient, celles du Salon de l’agriculture s’ouvraient. 1000 exposants venus de 24 pays du monde rassemblaient 600 000 visiteurs sur 1 semaine (du 22 février au 1er mars). Vous avez bien lu 600 000 personnes.
Le gouvernement et le président qui sont toujours présents à ce salon s’étaient assurés auprès du service des douanes qu’aucun Chinois venant des zones chinoises à risque en l’occurrence de Wuhan ne puisse entrer sur le territoire français et participer au Salon. Pendant qu’on veillait scrupuleusement à éviter que la Chine ne contamine les participants français, on avait oublié ou feint d’oublier que depuis le 31 janvier l’Italie était le principal foyer européen.
Exposants et visiteurs Italiens pouvaient vaquer librement à leurs occupation au Salon, pendant ce temps les organisateurs du salon prenant grand soin de nettoyer les poignées des portes mais oubliaient qu’une simple poignée de main suffisait à effacer tout le mal qu’ils se donnaient. Et comme il ne fallait pas s’y attendre le Salon ferma ses portes 1 jour avant la date prévue; on se disait qu’en 1 jour on pouvait éviter ce qu’on n’avait pas pu en 7 jours…
L’histoire ne nous dit pas combien de personnes parmi les 600 000 ont pu être contaminées mais ce qu’on entend à longueur de journée c’est que 2000 personnes ont fait plus de dégâts que 600 000 personnes. Très peu spirituel sans faux jeu de mots.

En attente du bilan de l’évolution et de la propagation de l’épidémie

Le mal étant fait, chaque soir tous attendaient le bilan de l’évolution et de la propagation de l’épidémie.
Après le département du Haut-Rhin (Mulhouse), celui de l’Oise était à présent atteint. Dès le 25 février les 1ers cas étaient recensés. Au fur et à mesure que le nombre de personnes contaminées augmentaient dans l’Oise devenu le principal foyer, l’Ile-de-France est épargnée. Celui qui connaît un peu la région parisienne trouvera assez étonnant que l’Oise, département frontalier à celui d’Ile-de-France soit durement atteint au point où près de 200 agents de santé sont confinés alors que Paris est encore épargnée à peine. Le 24 janvier, 2 Chinois venant de Wuhan sont testés positifs à Paris dont l’un meurt. Ce sont les rares nous dit-on.
Ensuite d’autres départements de France sont touchés jusqu’à la mise en place de mesures de plus en plus drastiques. Ce n’est qu’en fin de la première semaine de mars qu’on commence à recenser des malades à Paris et en région parisienne. Depuis lors et alors que Paris est confinée, les chiffres explosent.
Avec de telles incohérences on veut nous dire que seuls les Chinois régulent et filtrent les informations.

On pourrait penser qu’à ce jeu de « cache nous tes vrais chiffres » seuls les Européens et les Chinois excellent! Cela va vous paraître surprenant mais l’Afrique veut également participer. Pour éviter de passer en revue tous les pays africains, prenons une carte de l’Afrique et posons le doigt à tout hasard sur l’un des pays: La Côte d’ivoire.

Entrée assez tardivement dans cette crise sanitaire, la Côte d’Ivoire avait les moyens d’anticiper mais tel ne fut pas le cas. Le préfet d’Abidjan Vincent Toh Bi Irié a reconnu assez humblement que toute l’administration cherchait encore ses marques d’où les trop nombreuses tergiversations.
Mais alors que presque tous craignaient la survenue du premier cas en Côte d’Ivoire (CI) et la mise en place de mesures préventives, le 1er cas est annoncé le 10 mars. L’expression consacrée à Abidjan est « un cas importé » pour dire qu’il s’agit d’une personne contaminée à l’extérieur du pays mais entrée en CI. 4 Jours plus tard, les médias étrangers annoncent un décès en CI, décès automatiquement contesté par les autorités ivoiriennes. Cette situation donne lieu à des situations qui si elles n’étaient pas tristes, seraient loufoques: la précision des causes de la mort sur les faire-parts de décès.
2 jours plus tard, soit le 16 mars la CI annonce son 1er décès. Prophétie auto-réalisatrice des médias ou obligation de communiquer à demi-mot sur le bilan des patients?

Des instructions sanitaires qui changent

Les gestes barrières, la distanciation sociale sont les gestes qui sont repris en choeur à la télévision, sur le web et les réseaux sociaux. Mais quid des masques du dépistage systématique? Ils ne sont pas nécessaires.
Je ne comprenais pas la logique même lorsque je me triturais le cerveau. J’avais entendu qu’on pouvait être malade et contagieux sans faire la maladie, sans aucun symptôme. Postillons, éternuements pouvaient transmettre la maladie alors pourquoi ne pas recommander le port du masque?

J’avais discuté avec des personnes du corps médical mais j’avais du mal à être convaincu de l’inutilité ou plutôt le peu d’efficacité de ces masques.
Quelques jours plus tard et 1 milliard de masques commandés plus tard, le discours français avait changé et partant le discours africain. Les masques pouvaient et devaient être portés. Malheureusement ce que les gouvernements et les médecins africains n’avaient pas remarqué c’est que le discours français avait changé en fonction de l’état des stocks français de masques et de tests. Il ne fallait pas être un génie pour comprendre que la France n’ayant pas de masques ou de tests sérologiques, le gouvernement avait décidé d’édulcorer la vérité.

Prendre ses responsabilités

Les africains en appellent chaque fois à une certaine indépendance: indépendance certes politique mais cette indépendance passe aussi par une indépendance scientifique, médicale, éducative, technologique, etc. Au lieu d’attendre des recommandations qui viennent de l’Europe et qui sont fonction des intérêts du moment, les gouvernements africains devraient eux-mêmes mener leurs révolutions en s’inspirant de ce qui marche. Personne ne trouvera pour eux les remèdes des maux qui les font mourir par millier chaque année ou les maux qui les mettent en retard.

Crédit photo : bit.ly/photo-homme-ange-demon

1 commentaire

comments user
Vincent

Ce qui me fait garder espoir, c’est le fait que le Ghana petit à petit sort du lot de ses pays Africains.

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