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Le jour où je suis devenu président

Le jour où je suis devenu président

J’ai toujours eu la critique acerbe. Prompt à critiquer, mes remarques péchaient par la façon dont je les disais. Puis je suis devenu président. Pas ce type de président avec gyrophares, véhicules d’escorte, véhicule avec chauffeur, garde de corps, tutti et quanti. Mais juste un petit président, le président d’une association. J’étais passé par tous les postes et comme un fidèle soldat je m’étais hissé au sommet de ce mouvement. C’était le chemin évident. 12 mois; Mon mandat dura 12 mois. Pas parce que je dus jeter l’éponge ou je fus destitué mais parce que selon les règles de l’association, un mandat présidentiel c’était 12 mois calendaires. C’étaient 12 mois mais 12 mois qui me parurent une éternité. L’équipe que je devais dirigée comprenait une trentaine de membres tous bénévoles.

Comment motiver des bénévoles?

Après avoir pris possession de mes attributs de président, je décidai de diriger l’équipe selon ma vision. Toutes les informations devaient me remonter, une fois qu’une décision était pris par le bureau exécutif, on devait me faire des retours fréquents, les initiatives personnelles étaient à proscrire, etc. En à peine 2 mois je me mis à déchanter. En plus cette association n’était pas mon activité principale, celle qui me procurait des subsides. Il fallait donc jouer les équilibristes pour faire vivre l’association tout en étant efficace dans mes activités quotidiennes. Mon ton dictatorial se transforma assez rapidement sans que l’on ne me supplie; des bénévoles ne sont pas des employés ou des esclaves. Ils donnent de leur temps et ne gèrent pas les humeurs d’un chef dictateur.

Mon ton s’adoucit rapidement. Je fus obligé parfois de presque supplier. De fermer les yeux sur certaines initiatives personnelles qui ne me réjouissaient pas. De jouer les conciliateurs entre des membres qui refusaient de travailler ensemble ou qui avaient des opinions diamétralement opposées. De régler le plus discrètement possible des suspicions de prévarication.

Déléguer, monitorer, faire des réunions, échouer, encourager, reprendre, anticiper,… j’étais fatigué. J’avais compris pourquoi la durée du mandat n’était que de 12 mois. 2 ans ou plus et c’était le burn-out.

Cette expérience ainsi que d’autres m’ont fait comprendre que gérer des hommes n’était pas de tout repos. Cela demander d’être un virtuose. Un chef d’orchestre. Manier à la perfection la baguette. Être au cœur de l’action permettait également de comprendre que la critique est aisée mais l’art est difficile.

Jugez avec circonspection

Je lis et j’entends un nombre incalculable de critiques concernant des managers, des chefs d’entreprise, des présidents de république et je repense à toutes mes expériences de gestion de ressources humaines, matérielles, financières et je me dis de l’extérieur que ça paraît évident, facile à résoudre comme certains se sont dits en me voyant gérer, transpirer puis on vite déchante lorsqu’ils ont été avec moi, les mains dans le cambouis au cœur de certaines actions. Leurs belles résolutions et leurs grands principes ont pour la plupart fondés comme neige au soleil.

Depuis lors, quand d’autres doivent gérer des situations ou font ce qui s’apparente à des erreurs, dans ces moments, en lisant les plumes acerbes de leurs pourfendeurs, je souris et je parle avec circonspection. 

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