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Personne n’apprend des erreurs des autres

Personne n’apprend des erreurs des autres

« Mangeons et buvons car demain nous mourrons ». C’est une phrase qu’il avait pris plaisir à répéter un nombre incalculable de fois. Cette phrase issue de la Bible était pour lui une sorte de phrase ritualisée lorsqu’il participait à des parties de beuverie.
Pour ceux qui liront et qui seraient étonnés, il s’agit de l’histoire que m’a narré un ami. A cette époque il était jeune et inconscient. Et lorsqu’on est jeune et inconscient on pose des actes inconscients et on fait des bêtises. Plus jeune, lorsqu’il était au lycée, il avait connu une personne qui est décédée des suites d’une cirrhose du foie. Abonnée à l’alcool, cette personne avait pris des cuites qui avaient abouti à une maladie qui avait conduit à sa mort. Cette mort tragique aurait dû l’enseigner quand vint le temps pour lui d’être présenté à Dionysos le dieu de la boisson des vignes. Il ne résista pas longtemps aux chants des sirènes et fut un client assez régulier et un digne compagnon de Bacchus, l’autre dieu du vin.
Puis vint un temps où les parties de beuverie prononcées se terminaient par de petites maladies à répétition, malgré tout, il avait du mal à s’en détacher. C’était la fatigue se disait-il pour se consoler.

Avant que je continue, je tiens à dire qu’il ne s’agit nullement d’une confession pour pousser des personnes à se détacher de la boisson. Au cas où vous auriez éludé le titre, les expériences des autres n’induisent que très rarement des changements. J’en reparlerai à la fin.

Pour revenir à la période folle de sa vie, il était conscient selon ses propos qu’il fallait passer à autre chose. Mais vouloir ce n’est pas toujours pouvoir. Entouré de quelques camarades qui le poussaient à rompre son serment chaque fois qu’il prenait la décision d’arrêter de boire, il retombait aussitôt!

Un jour, car il y a toujours un jour, alors qu’il était en train d’écouter à la radio une émission de santé, un sujet l’interpella. A son époque qui était aussi la mienne on écoutait la radio et à cette époque, il s’intéressait à des sujets fastidieux et barbants pour des personnes normales. Dites-moi, qui en dehors d’un étudiant en médecine écoute une émission médicale? Le médecin parla des méfaits de l’alcool. Pour résumer, parmi les nombreuses pathologies que pouvaient créer l’alcool 2 l’avaient fait bondir de son lit: impuissance et infertilité dues à une forte consommation répétée!

Diantre! Ce jour là, les écailles de ses yeux tombèrent et les bouchons de ses oreilles furent ôtés. Sa décision devait être prise et elle fut prise prise hic et nunc. Mais il avait déjà par le passé pris pareille décision sans véritable effet. Cette fois ça devait être différent.
Suite à cela il fit une expérience dont il ne me donna pas trop de détails, une expérience spirituelle. Elle se manifesta lorsqu’un de ses amis l’invita à prendre un pot au cours de voyage. L’odeur de la bière lui donna automatiquement envie de vomir. Pour honorer cette invitation, il fit l’effort de porter le verre à sa bouche mais sa gorge était nouée. Plus il forçait, plus il étouffait. Les quelques gouttes de bière qui purent passer au travers de cette gorge nouée lui firent rendre tout ce que son estomac avait emmagasiné de la journée. Il dut se lever précipitamment pour ne pas vomir devant ses amis. A son retour, ils se rendirent compte que quelque chose ne tournait pas rond. Après des explications, ils résolurent de tenter l’expérience avec une boisson sucrée qui passa.
« Libéré, délivré » comme pourrait le dire la Reine des neiges.

Le décès d’une personne qu’il connaissait n’avait pas pu l’éloigner de l’alcool mais une expérience personnelle et les conséquences qu’il voyait sur sa vie avaient été suffisants pour le faire.
Il avait succombé et il s’était laissé entraîner par l’alcool parce qu’il estimait qu’il ne pouvait pas être addict! Pour lui, la bière ne pouvait pas le tuer car il était trop prudent! La prudence qui l’animait était la même prudence qui anime les fumeurs de cigarettes qui pensent être à l’abri des problèmes liés au tabagisme.

Si vous avez lu cette histoire jusqu’ici et que vous vous dites encore que c’est un témoignage édifiant laissez-moi conclure en redisant ce que je disais tantôt. M’appuyant sur mon expérience et/ou celle des autres, je suis très circonspect dans les conseils que je donne surtout lorsque ces conseils ne sont pas sollicités. Je sais pertinemment que tout le monde pense être exceptionnel. Que chacun de nous pense qu’aucune maladie ne peut avoir le dessus sur lui, qu’aucune substance ne peut le rendre dépendant.
Et c’est ce que je disais à quelqu’un qui se demandait pourquoi les présidents africains s’obstinaient à s’accrocher au pouvoir en dépit des fins parfois tragiques de certains de leurs collègues qui avaient emprunté le même chemin. Ils était généralement chassés manu militari soit par un coup de force, soit par des marches citoyennes alors que ces présidents avaient la possibilité d’être enseignés par les travers et déconvenues d’autres dirigeants avant eux: Mobutu, Yaya Jammeh, Daddis Camara, Robert Guéi, Blaise Compaoré, etc.
Vous comprendrez alors pourquoi Paul Biya, Sassou Nguesso, Theodoro Obiang, Idriss Déby et Yoweri Museveni s’accrochent au pouvoir pensant qu’ils sont exceptionnels et désirés et qu’ils n’ont nul besoin d’être enseigné par les expériences malheureuses des autres.
Aucun des présidents partis n’a appris des présidents avant lui, pourquoi voudrait-on que les présidents présents apprennent des erreurs de leurs devanciers?

Chacun apprend de ses propres erreurs, mon ami a appris des siennes et moi j’apprends des miennes… en espérant que celles des autres surtout de ceux qui sont à la tête des pays n’aient pas de retombées négatives sur la vie des citoyens.

Crédit Photo : Life Mag : https://lifemag-ci.com/wp-content/uploads/2019/10/0U2A0074-Copier.jpg

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