Trop d’amis noirs
Elle : Est-ce que tu as des amis blancs?
Moi : J’ai très peu d’amis de manière générale mais j’ai des camarades… blancs
J’avais un peu hésité avant de dire “Blanc” parce que je n’aimais pas désigner les gens par la couleur de leur peau.
Moi : Et toi? Je ne t’ai jamais vu discuter avec des blancs.
Sa réponse me surprit et ses explications encore plus.
Elle : Je n’ai aucun ami blanc.
Moi : Mais comment ça se fait? Au collège ou au lycée tu as dû avoir des camarades blancs.
En rigolant elle me révéla que durant tout son parcours scolaire il n’y avait jamais eu d’élèves de type caucasien dans sa classe. Selon ses explications, c’était normal puisqu’il n’y avait qu’une seule fille de type caucasien dans son école. Tous les autres élèves étaient d’origine africaine soit maghrébine soit subsaharienne.
Comment était-il possible de n’avoir aucun élève blanc et d’avoir une telle concentration d’élèves dont les parents sont d’origine africaine… dans une école à Paris?
Tout en rigolant, elle m’expliqua qu’en plus l’immeuble dans lequel elle est avec sa famille vit la même situation. Il n’y avait qu’un seul appartement occupé par des caucasiens. Ironie du destin pour une jeune fille qui n’avait jamais mis les pieds dans le pays de ses parents et qui ne voyait l’Afrique qu’à travers les histoires qu’on lui racontait ou ce que la TV lui montrait.
Cette Afrique, elle l’avait finalement retrouvée à l’école dans dans son quartier.
Un jour en déambulant les longs couloirs de son quartier, je me rendis compte que je voyageais en Absurdie. Autour de moi, on ne voyait que la même carnation. Au bas de ces HLM, des jeunes rassemblés discutaient ou jouaient… au foot.
Ghettoïsation orchestrée?
Pour moi ça ne faisait l’ombre d’aucun doute. La mairie était responsable de cette situation et on pourrait aller plus loin si on veut situer toutes les responsabilités. Ne loger que des personnes de la même origine dans le même endroit, n’était-ce pas de la ghettoïsation? Cette nouvelle ségrégation consistant à rassembler des personnes par origine. C’était la meilleure façon de ne pas favoriser une intégration d’une partie de sa population.
L’évidence sautait aux yeux! Comment pouvait-on avoir des amis blancs avec un chemin ainsi tracé. Comment pouvait-on comprendre une partie de sa population qui en plus était majoritaire si au préalable on ne l’avait jamais côtoyée. Il devait en être de même pour des jeunes blancs qui durant tout leur parcours scolaire n’avaient jamais vu ni côtoyé de jeunes noirs. J’avais compris pourquoi mon amie n’avaient pas d’amis blancs. Elle n’avait pas eu l’occasion d’en rencontrer très souvent.
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