Comment peut-il se faire soigner dans un CHU?
Nous étions en 2013. Ce jour là, j’étais assis devant la TV lorsque je reçus le coup de fil d’un ami. Nous regardions les informations:
– Tu as vu ce qui s’est passé
– Tu fais référence à l’accident de Michaël Schumacher
– Oui mais il y a quelque chose que je ne comprends pas me dit mon ami
– Quoi donc?
– Avec toute sa fortune, comment Schumacher peut aller se faire soigner dans un CHU?
Afin de vous resituer le contexte, nous étions à quelques jours de la fin de l’année, plus précisément le dimanche 29 décembre 2013. Michaël Schumacher le célèbre pilote automobile, alors qu’il était en vacances à faire du ski en montagne dans la région est française, a eu un accident, une chute qui a occasionné un traumatisme crânien et l’a plongé dans un coma.
Son pronostic vital étant engagé selon l’information que l’hôpital a transmise plus tard, il a été héliporté dans le Centre Hospitalier Universitaire de Grenoble ou si vous voulez le CHU de Grenoble!
Ce qui surprenait mon ami et qui expliquait son appel était qu’il ne comprenait pas la raison qui pouvait motiver la famille de Schumacher à l’envoyer dans un CHU au lieu d’un meilleur hôpital privé!
Sa question me fit sourire parce que je connaissais les Centres Hospitaliers Universitaires français mais dans l’esprit des personnes qui vivent en Côte d’Ivoire, un CHU est un centre hospitalier dans lequel on se rend lorsqu’on a des revenus très faibles. Les classes moyennes et les classes supérieures se soignent dans les cliniques privées.
Je lui fis comprendre qu’il fallait sortir du schéma ivoirien et que les CHU en France étaient des hôpitaux de références ayant en leur sein des professeurs, des spécialistes de différents domaines et surtout des équipements très modernes. Et presque tout le monde se soigne dans des hôpitaux publics, le véritable plus pour les cliniques, étant ce qu’ils appellent dans le milieu hospitalier l’hôtellerie, c’est-à-dire garantir le confort des patients avec à la clé des chambres parfois luxueuses avec des prestations dignes d’un grand hôtel. Je sentis sa suspicion. Mes arguments ne l’avaient pas véritablement convaincu mais comment l’être lorsque durant toute sa vie on a rendu visite à des parents ou à des amis dans des CHU comme celui de Cocody, de Yopougon ou de Treichville et qu’on a évité de s’y faire soigner.
La maladie du Primus Inter Pares
Quelques années plus tard, un ponte d’un gouvernement africain, Primus inter pares dû se rendre de toute urgence en France pour des soins nécessitant son transfert. La planète connaissait une crise comme elle en avait rarement connu, la pandémie de la Covid-19. Ce « Premier serviteur parmi ses pairs » dût se rendre pour un problème qui demandait une intervention au cœur.
Après que l’information eut fuitée, on su tous que ce serviteur de l’État devait retourner dans un hôpital qui l’avait au préalable soigné: la Pitié-Salpêtrière! (voir la photo ci-dessus).
Je savais qu’il s’agissait d’un hôpital public et plus particulièrement d’un Centre Hospitalier Régional. Je décidai donc de rappeler au bon souvenir de mon ami la discussion qui l’avait laissé perplexe 7 ans plus tôt.
Quand il découvrit que le « Primus Inter Pater » avait quitté qui sa terre natale, son pays pour aller se faire soigner dans un hôpital public outre-Méditerranée, il comprit enfin qu’un CHU n’est pas égal à un CHU et que Schumacher et sa famille avaient eu le nez creux en allant le faire opérer au CHU de Grenoble!
Il souhaita que de tels CHU puissent être installés en Afrique afin de pouvoir recevoir aussi bien des personnes nanties que des personnes moins nanties.
Pantalonnades au Gondwana
La crise de la Covid-19 a permis à certains pays africains de faire voir toute sorte de pantalonnades, des bouffonneries aussi pathétiques les unes que les autres entre un ministère de la santé nigérian, 1ère puissance économique africaine apostrophant sur les réseaux sociaux Elon Musk afin qu’il leur vienne en aide en leur offrant des respirateurs. Ou encore des ministres qui se firent transporter par avion médicalisé pour aller se faire soigner dans des pays voisins parce que leur pays n’avait pas eu l’ingénieuse idée de perfectionner le système de santé de leur pays et de l’équiper adéquatement ou d’autres qui ont préféré l’Hexagone comme le Primus inter Pares dont je parlais tantôt.
A un moment, face à toutes ces facéties, la population doit demander des comptes à ses dirigeants. Ma mère me donnait un conseil il y de cela quelques années: « de la manière dont tu te vends c’est ainsi qu’on t’achète. Si tu te vends à un moindre prix, on t’achètera à un moindre prix. »
La population doit rehausser ses standards et exiger et je pèse mes mots, elle doit exiger de ses gouvernants qu’ils mettent à leur disposition des moyens pour se soigner décemment. Un vol sanitaire par avion médicalisé coûte en moyenne 40 000 euros soit 26 millions FCFA, montant corroboré par un Général ivoirien qui avait dû déboursé 25 millions pour être évacué vers la France.
Tous les ivoiriens ne demandent pas à être soignés en Europe mais tous demandent à pouvoir se soigner dignement et dans des conditions plus qu’acceptables en Côte d’Ivoire. Dont acte!
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