C’était vraiment mieux avant ?

C’est bientôt le début d’une nouvelle année. Devoir moral oblige, les gens échangeront des vœux. D’autres se souviendront d’une époque déjà lointaine et rediront encore et encore : 

« Avant il y avait moins de guerres, moins de crimes odieux, moins de racisme, moins de maladies, moins d’accidents tragiques, moins de chômage. Avant les enfants étaient plus respectueux, moins dévergondés, plus travailleurs, plus intelligents, etc. en fait, c’était mieux avant! »

Il faut avoir vécu plusieurs époques et plusieurs crises pour faire ce constat. Nos parents et nos grands-parents le répètent tous les jours. Mais les parents ont – ils toujours raison? Avant c’était quand? Était – ce vraiment mieux avant et où est-ce juste un sentiment?

Parlons de la condition des femmes. On leur refusait l’accès aux études puisqu’elles n’en avaient pas besoin pour se marier et faire des enfants. Le mariage leur était imposé quelque soit l’âge du marié. Dans certaines contrées, elles étaient excisées. Elles n’ont eu le droit de vote qu’après la 2ème guerre mondiale.

Je suis sûr que si vous leur dîtes que c’était mieux avant, elles vous croiront.

Regardons un peu les chiffres du grand banditisme, des guerres, des accidents et des maladies pour tirer des conclusions:

Dans le cas des conflits armés 

– de 1945 à 1960 : 34 conflits ont occasionné la perte d’environ 14 millions personnes

– de 1961 à 1980 :  63 conflits ont fait 12 millions de morts

Ce qui fait un total de 97 guerres avec à la clé 26 millions de morts soit 740 000 morts par an. J’ai pris comme point de départ la fin de la 2nde guerre mondiale. On aurait pu espérer qu’après cette grande guerre, les belligérances seraient moins exacerbées. 

Depuis le début du 21ème siècle point de départ d’une nouvelle ère, en 24 ans nous avons eu près de 3 000 000 morts en 75 conflits soit 40 000 morts par conflit alors que les armes sont plus destructrices et plus meurtrières. Sur ce point de vue, l’avant n’est pas forcément mieux.

Un autre cas, celui des maladies et autres épidémies. Certains vous diront qu’il n’y avait pas le sida! Mais avant il y avait la peste, la lèpre et on mourrait plus régulièrement du paludisme. Pour les plus sceptiques, ceux qui ne sont pas convaincus que la science et la médecine ont évolué, regardons un peu les chiffres. Au 20ème siècle, plusieurs foyers de peste ont été découverts et ont fait parfois jusqu’à 50 000 morts comme ce fut le cas en Mandchourie en 1910. Les plus sceptiques vous diront à raison que le COVID-19 à fait en 2 ans entre 13 et 16 millions de morts dans le monde. Mais les données historiques montrent que le Covid-19 a fait moins de victimes que d’autres épidémies et fléaux que nous avons connus.

En plus, l’espérance de vie est passée en Occident de 60 ans en 1960 à plus de 80 ans à présent et ceci en l’espace de 50 ans.

Avant, il y avait moins de chômage, les jeunes trouvaient plus facilement du boulot! Mais à quelle époque ? A l’époque du travail forcé ? où lorsque le travail qui été offert était celui soit de travailler dans des mines, dans des usines comme ouvriers sans droit du travail pour contenir le pouvoir des patrons, en bossant plusieurs heures d’affilée pour un travail de misère mais au moins on restant plus longtemps dans son entreprise. En France, en 1813 « grâce » à un décret ils ne devaient pas travailler officiellement avant l’âge de 10 ans; âge qui fut revu à la hausse et fixé à 12 ans 60 ans plus tard en limitant les heures de travail à 8 heures par jour avec 1 heure de repos. Belle époque!!

On se déplaçait dans des conditions difficiles sur de longues distances, on n’avait pas accès aussi rapidement à l’information qu’on désirait avoir. Normal, on n’avait pas internet et lorsqu’on l’a eu, pour un débit très peu enviable, cela coûtait une fortune!

Loin de nous l’idée de dire qu’avant les gens vivaient dans des difficultés et que maintenant tout est beau dans le meilleur des mondes. Nous voulons simplement faire comprendre que chaque époque à ses difficultés et comparer des époques n’a pas trop de sens. Dire dans ce cas que c’était mieux est juste un sentiment parce que notre cerveau est parfois sélectif et préfère ramené à notre mémoire les bons souvenirs. Parce qu’également ces souvenirs sont très souvent un peu arrangés, ce qu’on appelle des « faux souvenirs ». Pourquoi pas si cela permet à certaines personnes d’échapper à leurs difficultés bien présentes pour se rappeler leurs meilleurs moments.