Chassez-moi tous ces handicapés!
Les enfants, de véritables bourreaux
Telle une meute cherchant à se repaître d’une bête blessée, ils se massaient derrière lui en rigolant et en chantant en cœur: « *Pieds lôgô lôgô, pieds cassés, pieds lôgô lôgô« .
Voyant ce pauvre homme accélérer la cadence pour échapper à ses bourreaux, je ne comprenais pas bien ce qui se passait. Était-ce un voleur? Apparemment non puisque personne n’essayait de l’arrêter dans sa course. Les badauds au contraire s’arrêtaient pour regarder le sourire aux lèvres mais personne n’intervenait.
Prêtant l’oreille, je compris distinctement ce qu’ils disaient. Ces garnements moquaient cet homme, ce jeune dont le seul crime était de claudiquer. La nature pour tout cadeau lui avait donné une jambe plus longue que l’autre; ce qui le faisait boiter et amusait ces garnements.
Il fallait que j’intervienne. Je n’étais pas dans mon quartier mais je dus m’interposer, chassant ces enfants qui se comportaient plus comme des hyènes. Les adultes qui assistaient impassibles prirent à ce moment le parti de porter secours à ce bonhomme.
Heureusement me direz vous que tous les enfants ne sont pas ainsi mais j’ai quelques doutes. Un ami me racontait la mésaventure de son neveu venu de France pour les vacances. Il s’était vu accueillir en chœur par les enfants du quartier par un : « le gros patapouf, le gros patapouf…« . Rien que ça?
J’ai été jeune et j’ai vieilli et je n’ai jamais vu un enfant au physique différent des autres être épargné par ces quolibets aussi bien à l’école que dans son quartier.
Peut-on agir?
J’ai compris qu’on n’apprend pas aux enfants à accepter les personnes « différentes ».
Qu’on refuse de l’admettre ou pas, la TV participe à l’éducation de nos enfants et à la TV cette différence n’est pas représentée.
Londres est la ville dans laquelle les personnes qui y vivent n’ont pas honte d’exprimer leurs différences. Un jour, j’ai compris pourquoi. Une émission sur BBC intitulée Cbeebies était animée par une présentatrice, Cerrie Burnell (voir la photo ci-dessus) qui ne cachait pas son handicap. Elle animait des émissions avec d’autres enfants « normaux » et d’autres qui avaient aussi des handicaps divers et variés (handicap physique et mental).
Les enfants qui participaient à l’émission et ceux qui la regardaient comprenaient que le monde était fait de personnes différentes et les acceptaient plus facilement.
Si nous voulons plus de tolérance, moins de racisme et plus d’acceptation de l’autre, peut-être que les programmes TV pour enfants devraient être plus ouverts à la différence. Même les dessins animés devraient intégrés cet aspect.
Mais ça c’est juste un vœu pieux. Bon, et si j’arrêtais de geindre et j’allais créer ma propre émission avec tous mes conseils proposés?
* »un pied lôgô lôgô » est une expression employée en Côte d’Ivoire pour parler d’un pied ayant un handicap (pied bancal, pied bot, etc.)
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