A la poursuite de l’Excellence
Reminiscence des Olympiades passées
Certains faits, certaines histoires vous ramènent dans le passé. Un passé récent ou très éloigné mais un passé dont vous êtes fiers et que par humilité vous vous êtes longtemps refusés de donner les détails.
J’en parle à présent parce que je pense qu’en matière d’humilité il y a parfois prescription. Vous comprendrez en lisant la suite.
Tout à commencé assez fortuitement le 10 juin 2013. J’avais lu dans un journal que Miss Mathématiques avait eu lieu en Côte d’Ivoire. Aucune grande cérémonie, aucun battage médiatique sinon à peine un petit passage de quelques secondes au JT. J’étais un peu dépité de voir que de tels événements passent sous silence.
Je décide donc de faire une publication sur Facebook pour rappeler qu’il y a d’autres concours qui ceux-là nécessitent d’avoir une tête bien pleine plutôt qu’une tête et un physique bien faits.
Le lendemain 11 juin 2013, la curiosité me pousse à aller voir du côté des Olympiades de mathématiques. Ça faisait quelques mois ou quelques années que je ne m’étais plus intéressé à cette question.
De fil en aiguille, je constate que le concours de mathématiques devait avoir lieu à Abuja mais chose étrange, le nom de la Côte d’Ivoire figurait parmi les pays participants mais aucun nom n’était mentionné contrairement aux autres pays qui affichent les noms des participants.
Auraient-ils oublié la Côte d’Ivoire ? Je pris donc l’initiative de contacter directement l’OPAM (l’Olympiades Panafricaines de Mathématiques) via l’administrateur du site de l’OPAM qui avait laissé son mail et également une autre personne, un Ivoirien qui animait un blog et une page Facebook sur l’éducation, M. A.M. (je mets juste les initiales parce que tout le monde ne cherche pas forcément à être sous les feux des projecteurs même lorsqu’il y a prescription d’humilité.). Le président local de l’OPAM fut également contacté.
M. A.M. me rassure et promet revenir assez rapidement vers moi; ce qu’il fait. Il m’informe que les étudiants sont en pleine formation à l’IRMA à l’université FHB de Cocody. Il n’y a donc rien à craindre. Peu de temps après, le président local de l’OPAM m’envoie un mail pour me rassurer: les jeunes sont à un dernier stage et suite à cela les noms seront connus.
Rassuré, je passe à autre. Alors que je m’apprêtais à mener d’autres combats sur les réseaux sociaux, je reçois un mail assez étrange et qui vient directement de l’administrateur du site web officiel de l’OPAM. La divulgation d’un mail étant un délit, je ne vais pas partager la capture d’écran mais juste paraphraser ce qu’il me dit: le concours se tient à Abuja de 22 juin 2013 au 2 juillet 2013. 4 Ivoiriens sont censés participer au concours mais l’inscription n’est pas faite et donc la confirmation de la Côte d’Ivoire n’est pas effective; nous étions le 11 juin soit à 11 jours du début de la manifestation.
Du côté ivoirien on me disait que la Côte d’Ivoire était prête et du côté de l’organisation on me dit que la Côte d’Ivoire n’était pas inscrite. Qui croire?
Je recontacte alors mes premiers interlocuteurs pour leur dire que le nom de la Côte d’Ivoire ne figure pas sur la liste officielle en expliquant l’échange que j’ai eu avec l’OPAM. M. AM décide alors de prendre les choses en main et de mieux se renseigner. Il promet me faire un retour après investigation. Il m’envoie ensuite un message pour me dire qu’il fera un article qu’il publiera sur Facebook en soirée. Son article circonstancié explique que la Côte d’Ivoire n’a pas prévu de budget pour faire participer ses élèves au concours de Mathématiques appelé Olympiades de mathématiques. Ce concours est réservé aux élèves et étudiants de moins de 20 ans. Les enfants étaient certes prêts mais le budget alloué n’était pas prêt.
A la lecture de son article mon sang ne fit qu’un tour. Je me mis à tancer vertement à hue et à dia les concours de beauté qui reçoivent plus d’engouement de la part les ministères.
Après mes coups de gueule, je reçois plusieurs messages de personnes que je connais et de personnes que je ne connais pas mais qui me donnent des numéros de téléphone de collaborateurs de ministres et de collaborateurs du président de la République. A ceux-là, 7 ans plus tard je dis encore merci. Je reçois également des mots plus durs de personnes conseillères de ministres qui me reprochent ma « façon maladroite de plaider mon cas ». Invectiver les ministères et critiquer les concours de beauté ne seraient pas la bonne démarche.
Plusieurs personnes se joignent au combat et finissent par porter le combat en l’occurrence le grand frère GK à qui je dis 1000 fois merci. Il initie une collecte de fonds citoyenne qui remporte un franc succès. Grâce à l’effort conjugué de tous, les enfants ont pu se rendre à Abuja.
Encore une quête de l’excellence
L’histoire aurait pu finir ainsi mais non. Elle continue. Dimanche 18 octobre 2020. Une demoiselle pose avec un chèque de 100 000 FCFA (152 euros). Elle serait la meilleure élève d’Abidjan et aurait reçu de la CIE, entendez Compagnie Ivoirienne d’Electricité, le chèque avec lequel elle pose. Sa photo fait rapidement le tour des réseaux sociaux. Il n’en fallait pas plus pour que tous les détracteurs connus et inconnus de la Compagnie Ivoirienne d’Électricité sortent de leur tanière et se transforment en recteurs de la bien-pensanse. Ce montant ne serait pas suffisant comparativement au 10 millions que la Miss CI, la reine de la beauté nationale a reçus. Certains vont jusqu’à initier une collecte de fonds pour la demoiselle.
Facebook étant le terreau fertile et même la tanière des informations tronquées, truquées et partisanes, je décide de prendre attache avec des responsables de la CIE pour comprendre la signification d’une récompense aussi dérisoire que j’aurai pu sortir de ma poche. La version est légèrement différente. La gagnante présentée sur les réseaux sociaux seraient l’une des gagnants, une parmi une centaine. En effet depuis 2015, la Compagnie d’électricité a initié de récompenser le mérite. Ainsi tous les meilleurs élèves des concours nationaux sont récompensés soit 9 élèves allant du CEPE, en passant par le Brevet des collèges ou si vous voulez BEPC pour finir au BAC (chaque bac reçoit sa récompense). Cette récompense a lieu dans les 14 directions régionales de la Compagnie qui a sollicité et obtenu l’accompagnement de la DECO (direction des examens et concours) du ministère de l’éducation nationale et de la formation professionnelle. Si on veut faire un petit calcul, on se retrouve à environ 124 élèves sur l’ensemble du territoire. Je lisais sur les réseaux sociaux qu’un individu (ce n’est pas péjoratif) disait qu’il aurait pu offrir cela de sa poche certainement qu’il croyait qu’il ne s’agissait que de récompenser une élève. Bon courage à lui avec les 123 autres élèves. Oui je suis d’avis que le montant cumulé qui avoisine la dizaine de millions est assez dérisoire surtout lorsqu’on parle de la CIE mais cette somme est en réalité une participation au frais d’écolage. Et même si à ces espèces sonnantes et trébuchantes s’ajoutent des ordinateurs portables et des tablettes et divers gadgets sans compter l’organisation de la cérémonie dans les directions régionales, ce montant semble faible mais…
Ce qu’on oublie trop souvent c’est qu’en dehors de Benianh international (une organisation privée) de Akossi Bendjo qui a initié la récompense des élèves méritants depuis 1996 en octroyant des bourses d’études aux meilleurs élèves ainsi que des subventions et des stages, je ne connais aucune entreprise privée qui célèbre l’excellence à si grande échelle. Le Club des Amis de l’Excellence du ministre Antoine Bohoun Bouabré a disparu de la scène depuis 2011. Il ne reste que le Prix national d’excellence du président Ouattara qui est financé par des fonds publics.
Peut-être que les personnes qui se plaignent devraient solliciter leurs entreprises afin que ces entreprises s’associent à la CIE si ces joyeux détracteurs sont tant intéressés par la culture de l’excellence. Ils peuvent également mettre la main à la poche pour récompenser la petite centaine de jeunes élèves et ce chaque année.
Certains se trompent de combat parce que rien ne contraint la CIE qui n’a d’explications à donner qu’à ses actionnaires en ce qui concerne l’affectation des ressources de l’entreprise; contrairement au Fonds d’emploi jeune, une structure publique mais qui se permet de donner 10 millions FCFA pour un concours de beauté qui ne rentre pas dans (normalement) ses prérogatives.
Mais pourquoi rappeler l’histoire des Olympiades de mathématiques?
On pourrait se demander, en dehors de se faire mousser et de s’attribuer sans preuve la paternité de l’impulsion d’une action, pourquoi avoir raconter l’histoire des Olympiades?
Simplement parce que la critique est aisée et l’art est difficile. Alors que le champ d’actions est large, il est plus facile de vilipender les actions de ceux qui font plutôt que de chercher à les améliorer ou au moins les copier. Le terrain de l’excellence est grand, les disciplines et les filières scolaires nombreuses, il est donc possible que chacun y fasse son beurre.
Ceci étant dit, j’ai également appris qu’une cérémonie du prix national d’excellence célébrant les meilleurs élèves au niveau national sera intégrée aux festivités relatives à la célébration des 30 ans de la CIE prévue en décembre 2020. Tant qu’il s’agit de célébrer l’Excellence, je suis partant et je reviendrai sur cette cérémonie en décembre 2020… inch’Allah.
Laissons les critiqueurs critiquer et promouvons l’excellence, cette denrée rare…
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Image par Foundry Co de Pixabay
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