Chargement en cours
×

Les Leçons de Finance de 4 parcours de vie différents : Discipline, Sacrifice et Opportunités

Les Leçons de Finance de 4 parcours de vie différents : Discipline, Sacrifice et Opportunités

Cette histoire ne peut être transposée en l’état en Afrique en général ou en Côte d’Ivoire car les réalités ne sont pas les mêmes mais elle montre que c’est parfois, la mentalité, l’éducation financière qui font la différence.

Il y a plusieurs années en arrière, j’ai connu des jeunes Français. C’étaient des jeunes dont les parents sont issus de l’immigration (ouest-africains, Maghrébins, Caraïbéens, etc.) qui n’avaient pas les moyens leur permettant de subvenir à tous leurs besoins ce qui les obligeaient à travailler. Ils essayaient d’allier cours à l’université avec petits emplois. Ils travaillaient tous à temps partiel entre 20 et 25 heures par semaine qu’ils répartissaient entre les weekends et les jours de semaine lorsqu’ils n’avaient pas cours ou lorsqu’ils finissaient plus tôt leurs cours à l’université.
J’aimais bien discuter avec eux car ça me permettait de leur donner des conseils et aussi d’apprendre d’eux.
Après quelques mois de paie, 2 dans le groupe ont décidé d’acheter des scooters et un autre a passé son permis. Je ne l’ai pas dit mais c’était à Paris et pour ceux qui ne le savent pas, le permis en France coûte cher, environ 1500 € ce qui en convertissant fait 1 million FCFA. Après avoir obtenu son permis, il a décidé d’acheter son véhicule et m’en a parlé. Je lui ai dit que c’était une mauvaise idée d’abord à cause du prix du véhicule et ensuite à cause des charges qu’il allait se créer pour un véhicule dont il n’avait pas besoin. Le problème est qu’il ne cherchait pas mon approbation. Je m’étais lié de sympathie avec ce jeune quand j’ai découvert que sa mère et moi avions le même âge mais elle l’avait eu très jeune. Je lui disais pour l’embêtait que j’aurais pu être son père. Bref.
Pour revenir au sujet, il n’a pas écouté mes conseils et a acheté une Peugeot 206. Moins de 3 mois plus tard, sa voiture qu’il avait acheté à 1500 € a rendu l’âme. Le moteur n’était pas bon, ce qui justifiait le prix de la voiture. Il avait donc jeté 1500 € à la poubelle.
Les 2 qui avaient acheté des scooters ont eu le nez creux et ont réalisé un meilleur investissement. L’un a acheté un scooter Vespa qu’il a personnalisé à souhait. Le scooter était rose bleu et lui est revenu entre 3000 et 4000 € (entre 2 millions et 2,5 millions FCFA). Le 2nd a acheté un scooter classique noir à 1500 €. Il était moins beau mais le plus important, il était neuf, il roulait et n’allait pas lui créer de problème à moyen terme.
En discutant avec ces 3 jeunes qui avaient peu ou prou les mêmes profils (jeune, étudiant, parents issus de l’immigration, vivant en famille, le même nombre d’heures de travail), j’ai constaté qu’ils avaient 3 modes de fonctionnement totalement différents:
– un bling bling qui voulait se faire plaisir et profiter de la vie
– un plus sage mais qui voulait allier plaisir et utilité
– un sage qui voulait juste se déplacer sans fioritures.

Les 3 m’avaient donné de belles leçons de vie quant à la gestion de nos finances. J’étais surtout impressionné par celui qui avait pris l’option de la sobriété jusqu’à ce que je rencontre un 4ème étudiant qui avait à peu près le même parcours que les autres. Il avait le même âge et bossait également à temps partiel pour couvrir ses besoins domestiques que ne pouvaient lui offrir ses parents. Il prenait les transports en commun puisqu’une partie de son transport était remboursé par l’employeur. Je rappelle que les 4 travaillaient au même endroit. Le 4ème ne voulait pas se rajouter des frais alors que ses déplacements étaient assurés par l’entreprise. Pour information, quand tu prends les transports en commun, l’entreprise te rembourse 50% du prix de la carte de transport tandis qu’elle ne le fait pas lorsque tu as ton propre moyen de locomotion (scooter, moto 🏍️, voiture 🚗)

En plus de cela, il m’avoua que depuis quelques années, il s’était intéressé à la bourse et investissait dans des actions en bourse. Cela ne lui rapportait pas grand choses mais il espérait augmenter son portefeuille d’actions et pouvoir le rentabiliser sur une longue période. Je rappelle qu’il avait la vingtaine (22 ans maximum) et était étudiant. A l’approche des vacances scolaires, il décida de changer son contrat de travail. Il était à temps partiel et signa un contrat à temps plein soit 35 heures par semaine sans les heures supplémentaires. Il voulait le faire pendant 3 mois avant la reprise des cours pour avoir un maximum d’argent. Ça c’est ce qu’il avait fait croire à ses amis. En réalité, il me révéla plus tard qu’il avait besoin d’un contrat à temps plein afin de voir sa banque. Avec son contrat, il négocia un prêt immobilier. Dans le secteur immobilier, il était ce qu’on appelle un primo accédant et étant jeune, il pouvait bénéficier d’un crédit à taux zéro. Il fit croire à sa banque qu’il achetait son appartement pour l’habiter. Il obtint le crédit d’un montant si j’ai bonne mémoire de 80 000 € (c’était moins de 100 000 €). Il apporta 10% de la somme comme apport initial + les frais de notaire. Je rappelle qu’il habitait chez ses parents donc il pouvait économiser surtout qu’il ne sortait pas en soirée et ne s’achetait pas de vêtements de marques.

Lorsqu’il eu son prêt, il acheta l’appartement et fit les travaux d’aménagement puis trouva quelqu’un pour sous-louer son appartement. Il choisit cette option (sous-location) parce que les documents de l’appartement devait restait à son nom.
Il m’a dit qu’il allait attendre un moment pour se roder puis renouveler l’opération avec un 2nd bien qu’il allait déclarer comme un bien locatif.
Quand il m’a raconté tous ces détails, j’ai applaudi des 2 mains.
J’avais face à moi 4 jeunes qui avaient le même âge mais 4 manières totalement différentes de réfléchir parce qu’ils avaient 4 éducations financières différentes. Certains avaient décidé de profiter de leur jeunesse tandis qu’un autre avait fait le pari sur du long terme. Il n’en faisait pas un secret puisqu’il m’en avait parlé et même si les autres le savaient, ça ne les intéressait pas de se restreindre pour l’instant alors qu’ils pouvaient profiter de l’argent qu’ils se faisaient à la sueur de leur front.
J’ai perdu le contact avec tous ces jeunes mais je ne serai pas surpris si dans 20 ans, si tout se passe bien que l’un soit à la tête d’un patrimoine important.

Il est indéniable qu’il y a des gens qui surfont leur parcours et n’expliquent pas les opportunités dont ils ont bénéficié pour « réussir » mais trop nombreux sont ceux qui refusent la discipline comme mode de vie.
Je me rends compte depuis un bon moment que ce qui nous limite, c’est notre manque de discipline. Certains peuvent passer des heures sur les réseaux sociaux et/où à la télé mais ils seront incapables de faire des cours du soir ou des cours à distance et trouveront comme justificatif qu’ils n’ont pas de temps parce que ça demande de la discipline et un sacrifice. Certains peuvent passer du temps à rendre dans les maquis ou boîtes de nuit ou rendre visite en permanence à des amis et parents pour discuter mais ils estimeront qu’ils n’ont pas de temps pour faire du sport, pour surveiller leur alimentation, pour un contrôle ou un suivi médical alors qu’on sait que notre mode de vie est responsable de plusieurs de nos pathologies. C’est exactement la même chose avec nos finances; une éducation financière pourrait nous faire changer de perspective et nous arrêterons de croire que tout ce qui n’est pas dans notre référentiel ou que nous ignorons par manque d’éducation financière est impossible.
Parfois, il suffit d’un peu de discipline et de sacrifice que nous refusons de faire.

Laisser un commentaire