Comment le travail en open space m’a démotivé
Je me rends compte que dans tous mes derniers boulots je travaillais en open space. A tel point que je me demande si je pourrais me sentir à l’aise si j’ai un bureau individuel. En fait OUI, je me sentirai à l’aise même si j’ai fini par prendre mes aises en open space. Pour ceux qui se sentiraient dépaysés par cet anglicisme ou pour les francophiles purs jus, comme son nom semble l’indiquer, l’open space (en français espace ouvert mais c’est moins tendance) est le fait pour plusieurs collaborateurs de travailler sur un plateau sans cloisonnement de bureaux.
De plus en plus d’entreprises s’y sont mises; 60% des entreprises françaises ont passé le cap et ont adopté cette mode bien particulière. Ainsi l’arrivée de l’open space a sonné le glas des bureaux individuels. Ceux qui arrivent à se tirer d’affaires, ce sont pour l’instant les responsables (managers, chef de département, directeurs, etc.) qui ont encore des bureaux individuels.
Pour la petite histoire, l’idée d’un espace de travail ouvert est né en Allemagne en 1950 où 2 frères consultants en architecture d’intérieur, Eberhard et Wolfang Schnelle pensent des bureaux qui favoriseraient la communication intra entreprise (au sein de l’entreprise).
De manière effective, c’est au début des années 80 qu’un véritable engouement pour l’open space s’empare des entreprises américaines. Puis ce concept revient en Europe.
Actuellement, c’est devenu presque la norme dans les entreprises, la tendance est au total décloisonnement. Ce concept participe bien à l’esprit start-up que toutes les entreprises veulent se donner. Gain de place (donc économie d’argent) et convivialité sont les principaux arguments avancés pour justifier le choix de l’open space. En plus, grâce à cette disposition des salles, les liens hiérarchiques s’estompent (normalement) et les échanges sont facilités au sein de ces espaces ce qui permet une meilleure réactivité même si à cause du fameux argument de traçabilité, des collègues qui se font face s’envoient encore des mails. Bonjour la confiance!
On pourrait croire qu’avec ce changement, la vie en entreprise est devenue plus reluisante. Oh que nenni! Même si plusieurs avantages peuvent être attribués à cette réorganisation du mode de travail, il n’en demeure pas moins que des inconvénients et pas des moindres sont liés à cette disposition de l’espace de travail.
« Allo, oui allo, je ne t’entends pas. Oui je suis au bureau et toi… » et ainsi commence une discussion qui peut durer 5 ou 10 minutes et à laquelle on aurait préféré ne pas être convié indirectement. Le 1er inconvénient qui vient tout de suite à l’esprit c’est ce côté bruyant de l’open space. Il arrive aussi que 2 ou 3 collègues discutent ensemble et même s’ils parlent d’un sujet strictement professionnel et cela déconcentre les autres qui sans le vouloir sont obligés de prendre part même de manière passive à cette réunion/discussion. Je vous ferai l’économie des conséquences des sonneries téléphoniques à répétition et des appels téléphoniques, des collaborateurs qui prennent un malin plaisir à écouter leurs musiques qui sont audibles même lorsqu’ils ont des casques/écouteurs. Tout cela nuit à la concentration donc à la productivité des braves travailleurs!
A côté de cela, il y a le sentiment de se sentir surveillé. Après quelques heures de travail, (le médecin du travail recommande une pause après 45 minutes de boulot) chacun de nous a besoin de décompresser. On le fait en lisant ses mails personnels, on « chattant » avec une autre personne sur une messagerie. Certains consultent leurs réseaux sociaux personnels (Facebook, Twitter, etc.), regardent une vidéo sur YouTube, lisent un article de la presse en ligne. Ainsi, avoir le sentiment que les autres collaborateurs vont nous voir en train de faire autre chose que le travail nous culpabilise. Ce manque d’intimité et le regard inquisiteur des autres donnent le sentiment d’être surveillé par ses collègues : Que diront-ils de moi ? Ne vont-ils pas me dénoncer ? Ne vont-ils pas me prendre pour un paresseux passant plus de temps à s’amuser qu’à travailler ?
Toutes ces interrogations sont des facteurs de stress supplémentaire.
Alors, que faire ? supprimer les open space ?
Je pense que recloisonner les espaces qui ont été décloisonnés n’est pas à l’ordre du jour. ça coûterai cher et les entreprises par définition n’aiment pas dépenser. Même si vous souffrez de l’open space, prenez votre mal en patience ou gravissez les échelons en devenant managers. Vous vous souvenez que je vous ai dit plus haut que ces derniers avaient encore des bureaux individuels. Mais c’est une solution réservée à un petit groupe!
De vraies solutions pour travailler en open space
Puisque personne n’a le choix, il convient de fixer des règles de vie et de collaboration et de discipliner les collaborateurs. A cela s’ajoute des aspects pratiques qu’il ne faut pas occulter comme limiter le nombre de personnes par bureau (le nombre est à l’appréciation de chaque organisation mais je pense à un nombre compris entre 5 et 10 max), proposer des salles de réunion et des espaces pour ceux qui voudraient passer des communication professionnelle ou privée, avoir des espaces insonorisés.
L’orientation des postes de travail est très importante. Il faut que chaque collaborateur ne puisse pas avoir la possibilité de voir ou regarder l’écran de l’autre. C’est toujours pénible d’entendre quelqu’un dire derrière soit : « Ah tu regardes une vidéo. » ou « Quel clip es-tu en train de regarder? ».
Et enfin des règle de vie en commun: ne pas écouter la musique à fond, ne pas manger dans ces espaces (merci d’éviter les odeurs que nous ne supportons pas tous), etc.
C’est à ces quelques conditions que l’open space pourra (re)devenir cet espace de travail commun et agréable pour l’ensemble des collaborateurs ou pas.
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