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Ce YouTubeur qui sort de l’ordinaire

Ce YouTubeur qui sort de l’ordinaire

Il y a un jeune Youtubeur Français dont je regardais le contenu à cause des thèmes qu’il traite. Il faisait ou plutôt il fait des vidéos de culture générale.
Chris Conte, pour le citer, est pour moi un exemple et la matérialisation du fait que le professionnalisme paie. J’ai découvert Chris Conte et sa chaîne Poisson Fécond assez fortuitement parce que je le trouvais très transparent ce qui est très rare en France où on a peur de parler d’argent et d’échec. En plus de ses vidéos de culture générale, il faisait des vidéos certes ponctuelles mais dans lesquelles il expliquait presque tout sur ses activités : ses galères, ses échecs, ses revenus, ses succès, ses investissements, etc.
A ses débuts, il a eu le courage que peu de personnes ont, celui de demander l’avis de personnes qui s’y connaissaient en vidéos. Généralement, lorsque nous nous lançons dans un domaine, nous demandons l’avis de nos proches. Malheureusement, ces proches sont trop bienveillants et même lorsque ce que nous faisons est ridicule ou moyen, ils nous caressent dans le sens du poil et ne nous disent pas ce qui ne va pas pour ne pas nous frustrer.
Chris Conte faisait des études de philosophie, et se voulait rationnel, ce qu’il a essayé de transposer dans ses vidéos. Mais à ses début, il était nonchalant, les vidéos étaient mal éclairées, le son approximatif. Il a conservé toutes ces vieilles vidéos sur sa chaine. Il s’est fait coacher et a révisé sa manière de présenter, d’éclairer ses vidéos, de faire la captation de son, etc. Ses vidéos sont devenues plus qualitatives et il a eu un peu plus d’abonnés. De ces faits, les marques ont commencé à le démarcher pour des collaborations. Pour une vidéo, il allait jusqu’à 10 000 € pour un partenariat. Dès le début, il a mis de l’argent de côté et a embauché très rapidement un monteur vidéo.
Généralement dans le milieu et même avec les gros YouTubeurs, il est de coutume de bosser avec des monteurs en freelance. C’est moins cher mais avec ses contraintes : la disponibilité du monteur, réexpliquer ses objectifs au nouveau monteur, vérifier le montage vidéo afin qu’il corresponde aux précédentes vidéos.
L’avantage lorsqu’on travaille avec un monteur en freelance ou lorsqu’on fait ses montages soi-même, c’est qu’on maximise ses gains.
Chris a pris la question des gains sous un autre angle de vue. Il s’est dit que s’il embauche en CDI un monteur, pour une opération qui lui rapporte 10 000 €/vidéo, il va payer 2000€/mois pour le salaire soit environ 4000 € si on tient compte des charges patronales. S’il retire les impôts entre 30 et 40% de son CA, pour une opération, il va se reverser environ 1500 € à 2000 € de rémunération par vidéo. Tandis que la majorité des Youtubeurs pour une vidéo se font le double voir le triple de ce qu’il gagne.
L’avantage en prenant une personne en CDI est qu’il n’a plus à gérer tous les montages vidéos, à réexpliquer ses objectifs, à vérifier les montages et voir s’ils cadrent avec ce qu’il désire, et au lieu de faire 1 vidéo par semaine, il peut se consacrer au travail de recherche et d’écriture de scripts et faire ainsi 2 à 3 vidéos par semaine, augmentant ainsi sa marge bénéficiaire.
Il a vite constaté après quelques réglages que ce système était productif. Il a donc décidé de le reproduire mais cette fois-ci en embauchant une rédactrice. Il a eu le même raisonnement. Généralement, les Youtubeurs écrivent eux-mêmes le script, font les recherches et après apprennent le script ou le lisent. Il s’est dit que s’il prenait une personne dont le métier est d’écrire les scripts, il pourrait gagner du temps. Cette personne pourra chaque jour de la semaine faire des recherches et à écrire un script par jour ; ensuite lui Chris, il n’aura qu’à l’adapter rapidement et ensuite à tourner la vidéo avec le vidéaste monteur. Très rapidement, il s’est retrouvé avec une équipe de 10 personnes embauchées pour gérer sa chaîne YouTube. Ces personnes consacrent toute leur semaine à préparer les vidéos, et comme c’est lui qui est le visage de la chaîne, le vendredi, il ne consacre qu’une demie journée à tourner 5 vidéos ce qui fait 20 vidéos par mois. Vu que sa chaîne compte plus 3 millions abonnés, il a pu monter ses tarifs et facture entre 10 et 20 000 €.
Je lisais une publication dans laquelle il était dit que « l’argent du business n’est pas notre argent ». Chris avait vite compris que l’argent du business n’est pas son argent. Il se rémunère puisqu’il est également un salarié de l’entreprise et il a un service de comptabilité et toute une équipe qui travaille pour lui. L’argent est réinvestit dans l’activité.
A présent, il a suffisamment d’argent pour payer tout ce monde, les petits ruisseaux ayant fini par faire une grande rivière. il a certes une petite marge sur chaque vidéo mais cette petite marge sur une dizaine ou une vingtaine de vidéos lui fait un pactole qu’il a arrive à mettre de côté pour d’autres projets d’envergure en dehors de YouTube.
Pour être plus efficace et rentable, il a embauché un commercial qui démarche les entreprises à la recherche de partenariats.
A tout ceci s’ajoute l’argent que YouTube lui verse. Et enfin, il a adapté son contenu à Facebook qui lui verse également de l’argent. Tout ceci est géré par ses équipes et comme il le dit, il se fait tout cet argent en travaillant une demie journée par semaine sur les vidéos. Chris n’est plus un simple Youtubeur mais un chef d’entreprise. Il se targue même d’avoir embauché 15 personnes en CDI avec en plus quelques uns en Freelance. Et malgré ces 3 millions de visiteurs, il se fait plus d’argent que des YouTubeurs comme Norman ou Cyprien qui ont entre 11 et 14 millions d’abonnés mais qui travaillent comme des artisans. Ces derniers pour maximiser leurs gains travaillent avec des freelances et le nombre de vidéo et la qualité de leurs contenus a énormément baissé puisque pour chaque vidéo, ils doivent fournir le même effort et la même quantité de travail.

Il y a quelques années, j’avais écouté des gros YouTubeurs se prononcer sur le cas de Chris Conte. Une fois de plus Chris avait lancé un jeu vidéo qui avait été un fiasco. Ces YouTubeurs trouvaient qu’ils s’éparpillaient et qu’en plus, il prenait le risque de prendre des personnes en CDI, ce qui pouvait être problématique si sa chaîne ne fonctionnait plus. Il a fini par tous leur donner tort (sauf pour les jeux vidéos). Gérer sa chaîne Youtube comme une entreprise était beaucoup plus rentable que la gérer en amateur. Pour les jeux vidéos, il a dit que c’était sa passion et qu’il consacre son surcroît de bénéfice. Il s’est finalement résigné à abandonner la production de jeux vidéos et se consacre à la création d’un espace pour un escape game à sa façon.
Sans buzz et sans faire le pitre, il a réussi à créer une entreprise prospère.

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