Attention aux voleurs de sexe
Un attroupement. Un tohu-bohu indescriptible. Des jeunes gens avec des pierres, d’autres avec des branches et certains avec ce qui s’apparentent à des gourdins de fortune. Ils sont attroupés et forme un cercle presque parfait. Au milieur de la mêlée, un homme assis, des tuméfactions sur le visage indiquent qu’il a été molesté. Il implore la clémence et clame son innocence. Vous vous approchez à pas feutrés et vous vous hasardez à demander le pourquoi de ce qui risque de devenir un autodafé, sentence arbitraire d’une justice populaire. On vous apprend qu’il s’agit là d’un voleur mais un voleur d’un tout autre genre.
Comme ce monsieur, plusieurs individus se sont fait bastonner avec parfois mort d’hommes à travers l’Afrique de l’ouest et l’Afrique centrale. Les survivants ne doivent leur salut qu’à l’intervention de la police. L’objet du délit: Le vol de sexe. Oui, vous avez bien lu! Cette croyance répandue dans ces parties du globe, veut qu’un individu au contact d’autres individus généralement en leur serrant la main arrivent à leur subtiliser leur sexe ou à le faire rétrécir.
Tous ceux qui y vivent ont entendu parlé de cette rumeur. Pourtant cette croyance présente dans une vingtaine de pays est née dans les années 70. Elle a connu un regain en 2000 avec la vulgarisation du téléphone portable et un autre relan lui est redonné grâce à l’internet mobile et aux réseaux sociaux. Comme un marronnier, elle est devenue commune et revient à intervalle irrégulier de temps mais est encore trop souvent à l’origine de désordres publics et dans certains cas de procès devant de vrais magistrats. Ça peut faire sourire et on aurait pu en rire mais il faut savoir que lorsque ces personnes soupçonnées d’être des “voleurs de sexe” ne sont pas victimes de la vindicte populaire et mises à mort par lynchage, elles se retrouvent devant les autorités policières ou judiciaires. Je n’ai pas besoin de préciser que le « sexe volé » est presque tout le temps masculin et que le voleur est également un homme.
Depuis plus de 40 ans, le scénario est resté le même. La personne accusée est un inconnu, de préférence un étranger qui passe dans un quartier, par hasard, et les “victimes” sont des jeunes hommes. L’élément déclencheur est le fait que pour une raison ou une autre, cet individu est amené, à serrer la main de ses “victimes”. Puis survient le drame!
Lors de procès, des expertises médicales sont évidemment demandées, mais la vérification que TOUT semble à sa place ne suffit pas à éteindre l’affaire, la victime protestant que son sexe est “revenu” ou que parfois il est revenu mais amoindri. Rien que ça!
Le brassage des populations, leur facilité de circulation et une certaine appréhension que les gens ont encore de certains étrangers à qui l’on attribue (à tort ou à raison) des pouvoirs mystiques et des intentions pas toujours nobles, participent donc à la vivacité de ces croyances et à la propagation de ces fausses rumeurs que je pourrai qualifier de légendes urbaines.
Les croyances ont la peau dure mais en attendant de tanner cette peau éduquons, sensibilisons et peut-être que nous ferons changer les mentalités.
AGC.
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